Première partie :

INSERTION DES JEUNES EN DIFFICULTÉ DANS LA POLITIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE : ÉTAT DES LIEUX

Chapitre 1 - L’INSERTION SOCIALE : DÉFINITIONS ET HISTORIQUE

Section 1 - Définitions de l’insertion
Le Petit Larousse 2002 définit ainsi le terme « insérer » : « trouver sa place dans un ensemble, se situer. Trouver sa place dans un milieu : s’intégrer, s’introduire. L’insertion est le fait, la manière d’insérer, de s’insérer dans un groupe».

Selon Le Petit Robert édition 2001, « s’insérer » signifie « trouver sa place dans un ensemble », « réinsérer » signifie « insérer à nouveau, réintroduire, réadapter ». « L’intégration » est définie comme « l’opération par laquelle un individu ou un groupe s’incorpore à une collectivité, un milieu ».

Cette première définition générale montre que le terme d’insertion se trouve relié à celui d’intégration, et, quand celle-ci pose problème, elle soulève la question de la réinsertion.
D’après le Petit Robert édition 2001, « la réinsertion » est le « fait de réinsérer quelqu’un dans la société, dans un groupe ».

Gilles Vidon parle de « la notion d’insertion - adaptation réciproque qui pose le problème de l’intégration. Celle-ci sous-entend une notion de réciprocité de la part de la société d’accueil et de l’individu en processus d’insertion. C’est-à-dire que l’insertion ne saurait être superficielle mais doit s’enraciner dans des liens et des identités partagés par tous. C’est soulever le problème de l’appartenance à un moment où nos sociétés génèrent des phénomènes d’exclusion : exclusion professionnelle mais aussi exclusion sociale » (La réhabilitation psychosociale en psychiatrie, Éditions Frison Roche 1995 p.36).

Yves Poirier, représentant de l’État et du ministère de l’Emploi, définit « l’insertion par son contraire, c’est-à-dire par l’exclusion, par le fait d’être en dehors de quelque chose. Il faut amener les personnes concernées vers un intérieur. L’action des politiques est double, elle est préventive et curative. Elle doit également agir localement au niveau du territoire, par une mise en synergie des partenaires susceptibles d’apporter une réponse. Elle doit enfin revêtir un caractère individuel
» (Regards croisés
sur l’insertion, Le magazine du réseau des Greta de Lorraine n°4, info continue octobre - novembre 1991 p.6).

Ces deux exemples sont donnés pour montrer d’une part que la recherche en sciences sociales relie la question de l’insertion au phénomène de l’exclusion sociale, et d’autre part que les pouvoirs publics utilisent la notion d’exclusion pour définir une politique préventive et curative.

Les évaluations faites des résultats de cette politique préventive et curative sont souvent critiques à l’égard des pouvoirs publics :
«L'insertion des jeunes dans la vie professionnelle est très difficile, voire dramatique, conclut une étude du Centre d’Études et de Recherche sur les qualifications (CEREQ) auprès de 1600 jeunes sortis de l'école en 1986 - à un niveau inférieur au Bac - et suivis ensuite pendant 7 ans.
Un premier grief porté à ces dispositifs concerne le manque de personnalisation des dispositifs mis en place, le manque de médiateurs professionnels de l'emploi qui aident les jeunes à s’insérer ou à se réinsérer.

Un deuxième grief concerne les employeurs potentiels qui ne sont pas partie prenante, surtout les PME, et il n’existe pas de politique qui lie le nombre de stagiaires au nombre d'embauches. Car on sait que pour qu'un stage réussisse, il faut qu'il y ait une certaine proportion de stagiaires embauchés, sinon cela devient un stage bidon, qui ne mène à rien
». (Extrait de Info Flash N° 427, 3-18 avril 1995).